jeudi 2 août 2007

Souvenir, souvenir....

L'époque où Manon vivait rattachée à des fils dans sa petite couveuse est loin derrière moi... 11 années ont passé. Manon fête son anniversaire ce 15 septembre prochain. Je m'aperçois que j'ai perdu mon côté sensible et émotif qui faisait que je pleurais dès que je voyais un reportage traitant de la prématurité... j'ai pansé mes plaies. J'ai appris à vivre avec cette naissance et elle est devenue docile. Elle a même réussi à devenir un souvenir. Elle fera toujours partie de ma vie, de celle de Manon.
C'est comme une cicatrice qui s'est effacée avec le temps, qui s'est embellie, et qui fait partie de mon corps.
La semaine dernière, l'émission "Immersion totale" a consacré son reportage à la vie dans un service de grands prématurés. Je l'ai enregistrée. J'étais au Havre chez mes parents. Nous avions autre chose à faire que d'allumer la télévision. Et je n'avais pas envie de replonger dans tout ça. C'est intimiste, vicéral. Je sais que si je la regarde, il faut que je sois seule. Il y a des sentiments que j'éprouve en voyant un bébé prématuré qui ne sont pas dans ma tête, mais enfouis dans mon ventre. Ceux-là, je suis la seule à les connaître. Et je ne peux pas les contrôler.
J'ai sorti la cassette de ma valise mardi et je l'ai posée sur le magnétoscope. Elle y est encore. Je n'arrive pas à trouver le bon moment. Je préfère me plonger dans un livre de Guillaume Musso, allongée sur un bain de soleil, cachée derrière l'énorme bambou qui décore ma terrasse. Je flâne et je jardine. J'attends que la chaleur passe et comme mon homme finit vers 16h, nous partons avec les filles sur la commune de Bègles, à 1Omns de chez nous, où un lac artficiel nous offre une belle plage de sable fin, une pelouse à perte de vue et des tables de pique-nique.
Je ne trouve pas le moment. Je me demande si je le cherche vraiment.
Ai-ce bien nécessaire de rouvrir d'anciennes blessures? Je tente de me persuader que j'ai enregistré ce reportage au cas où Manon voudrait comprendre sa naissance. Je lui ai dit que je disposais de cette émission qui lui permettrait de mieux visualiser ce qu'elle a enduré. Elle ne rejète pas l'idée de la voir mais répond poliment :
"D'accord maman, mais là je vais bien, t'es sûre?"
"oui, oui, tu n'as rien à craindre."
Elle sourit, apaisée "alors on verra plus tard, d'accord?"
Je pense que pour elle, c'est du passé. Elle se sent libérée de toute la médicalisation qu'elle a subi et elle veut que je la laisse tranquille. C'est légitime.
Je devrais peut-être penser à me laisser tranquille moi-même...
Je vais me faire plaisir. Je vais aller poursuivre mes virées blogeuses dans un "patio" bien accueillant, où il fait bon vivre, et où tout est différent de ma petite vie de maman qui s'en fait beaucoup trop pour sa progéniture....