samedi 15 décembre 2007

Bilan neurologique

Aujourd'hui Manon avait rendez-vous pour son BCG. Grosse appréhension pour une petite vaccination qui n'a jamais voulu prendre... il paraît que ça arrive... des fois...

Je me suis levée avec un ciel bleu éclatant... la pelouse gelée du jardin reflétait mille petits cristaux quand j'ai ouvert les volets... j'ai jeté un oeil inquiet sur mon olivier, vêtu de son camouflage hivernal, sur mes bambous increvables, sur mes bignones ratatinées... l'hiver endort tout... même mes membres tout juste réveillés... j'ai vite refermé la fenêtre car la chaleur des chambres partaient en fumée... et la douche m'attendait... brûlante, stimulante... la journée s'annonçait bien remplie....

Le rendez-vous chez le médecin était à 10h30, j'avais une chance d'être libérée pour midi... J'ai demandé à Manon de s'habiller vite, car le samedi matin, le pyjama colle à la peau plus qu'en semaine... elle a grimacé en voyant le collant en laine et la jupe en jean ; "oh pourquoi tu me mets ça, maman? j'arrive pas à le mettre, tu sais bien....".... je suis allée la délivrer de ce douloureux machin à enfiler... c'est clair que sans prendre la peine de ramener le collant à la pointe du pied, c'est impossible à mettre... Manon a souri en croisant mon regard qui disait "Forcément, en t'y prenant comme ça, tu en as pour la journée!!!"... c'est le seul jour où je peux l'habiller en "fille". En semaine scolaire, impossible de lui imposer un tel calvaire... surtout quand je lui demande une autonomie totale...

Nous sommes entrées dans le cabinet du docteur à 11 heures. Correct. Rien à voir avec les consultations du soir en semaine, où l'on est censé passer à 18h30, et où l'on franchit le seuil de la porte en tendant une main impatiente vers le généraliste... vers 20h....
Manon était détendue. Il ne l'a pas deshabillée car la chaudière avait rendu l'âme dans la nuit...
La petite piqûre fut rapide et indolore... Manon regardait vers moi, silencieuse...
Je ne viens pas très souvent le voir pour Manon. Elle est rarement malade. Ironie du sort, après tant de soucis quand elle était petite... Le médecin m'a donc proposé un bilan, sur place, poids, taille, forme générale... j'ai abordé ses douleurs récurrentes au mollet... sa difficulté à faire du saut en sport, car toute impulsion la cloue sur place... son incapacité pure et simple à faire du vélo... mon interrogation face au déroulement de sa classe de neige, où le ski sera intense... sa future entrée au collège, et son séjour d'intégration en camp VTT-Canoë...

Il a paru embarrassé. Manon est un cas lourd, complexe. C'est un très bon généraliste, qui a su traiter Zoé avec vigilance et tenacité... m'orientant vers le meilleur gastro-entérologue du coin... et vers un fasciathérapeute incroyablement efficace... je savais qu'il ne prendrait pas une décision sans l'avis médical d'un collègue, neurologue en l'occurence... il m'a donné un mot de recommandation... Manon ne semble pas être complètement responsable des ses incapacités... il veut s'assurer sur l'origine de sa raideur musculaire... savoir si elle est juste comportementale (car mère couveuse, fortes inhibitions, peur du risque...)... même si ses soupçons semblent pencher pour une réelle incapacité physique... que j'ai laissé s'installer depuis son dernier gros bilan en 2003, au CHU de Rouen... pas par négligence, selon lui...mais parce que j'avais envie que le temps fasse son oeuvre...

Le besoin de psychomotricité revient sur le tapis... au galop... et ma peur d'avoir trop attendu m'a gâché un peu la joie de faire la fête cet après-midi avec les petits copains et copines de Zoé... pour son anniversaire... je me suis sentie abattue ce midi, car en moi-même, je vois bien que Manon ne peut pas... et non ne veut pas... les instits de son école qui la connaissent depuis trois ans m'ont tous avoué que Manon était têtue comme une mule, désireuse de réussir, ne supportant pas l'échec.... cela se vérifie dans son niveau scolaire irréprochable... où elle se balade telle une reine... Mais chaque lundi midi, je la récupère ronchon et pleurnicheuse... de sa matinée au stade... soit parce qu'elle se sera épuisée à courir en ayant mal... soit parce qu'elle n'aura pas pu faire le saut en longueur.... soit parce qu'elle n'aura pas pu suivre ses camarades dans les activités collectives, trop intenses, trop violentes, comme le rugby....
Si elle ne voulait pas, elle ne verserait pas de larmes de tristesse et de mise à l'écart... de la part des autres...
Comme elle ne peut pas, elle se sent exclue et montrée du doigt... chose qu'elle redoute, car elle a longtemps été le bouc émissaire, le vilain petit canard...
Je vais prendre rendez-vous, et me préparer à devoir la faire suivre dans la foulée...
Si cela peut lui éviter des moqueries, des vexations, car la prof de sport du collège prendra à coup sûr sa maladresse pour de la flemmardise.... alors il faut que j'accepte le bilan... et le fait que Manon soit exemptée de certains sports...
Elle ne va pas aimer ça, car elle veut être comme tout le monde...
Même si elle sait bien qu'elle ne l'est pas vraiment....